Se chauffer au gaz oui, mais au gaz vert

Zoom sur le gaz vert

Au même titre que l’électricité produite par le solaire ou l’éolien, le gaz vert est une énergie renouvelable. Le point sur ce biogaz produit à partir de déchets 100% organiques.

Différences gaz naturel et gaz renouvelable

Issu de la décomposition de matières organiques présentes dans le sous-sol terrestre ou marin (algues, plancton…), le gaz naturel est une énergie dite fossile. Près de 100% de la consommation française résulte des importations : Norvège (45%), Russie, Pays-Bas, Algérie… S’il est moins polluant que le pétrole, le gaz naturel, lors de son extraction, injecte dans l’atmosphère du carbone emprisonné sous terre depuis des millions d’années. Sans parler de la dépendance énergétique vis à vis de pays instables…

La gaz vert ou biogaz est issu lui de la dégradation et fermentation spontanée de déchets organiques (animaux ou végétaux) privés d’air. La production de ‘biométhane’ ou gaz vert permet :

  • d’être indépendant énergétiquement,
  • de recycler du carbone déjà disponible dans l’environnement
  • de lutter contre le réchauffement climatique (réduction des émissions de gaz à effet de serre),
  • de créer des emplois locaux…

Les sources du biogaz sont très nombreuses

Résidus agricoles (lisier, fumier, sous-produits de ferme, gazon, effluents de laiteries, résidus de culture et d’ensilage…), déchets ménagers, déchets industriels (boues de stations d’épuration), décharges, sédiments des fonds de lacs et marais, etc.

Il existe plusieurs techniques pour produire du biométhane :

  • la méthanisation par dégradation naturelle de déchets organiques (biométhane 1ère génération ou 1G),
  • la méthanisation par gazéification à partir de bois ou de paille (biométhane 2G),
  • la méthanisation 3G de micro-algues.

 

méthanisation
Méthanisation

Le marché du biométhane en France

Si l’Allemagne est leader en Europe du marché du biogaz, la surproduction de cultures de maïs pour sa fabrication pose question en termes de dégradation des sols, diversité biologique… D’autres cultures sont actuellement envisagées pour diversifier les sources du biométhane comme le chiendent allongé ou encore le panicaut érigé.

En France les plus grosses sources de biogaz viennent des décharges et des déchets agricoles. Mais d’autres sources se mettent progressivement en France. Le développement à l’échelle industrielle du biométhane 3G à partir de micro-algues devrait intervenir d’ici 2030.
Utilisé majoritairement pour produire de la chaleur et de l’électricité, le biogaz peut être aussi exploité comme carburant (bioGNV).
Actuellement il existe 592 sites en France de production de biogaz. Début 2018, seuls 44 sites l’injectent dans les réseaux gaziers naturels. Ce qui ne représente que 0,1% de la consommation française de gaz naturel.
Pour rappel, la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (août 2015) a pour objectif de porter la part de gaz renouvelable dans la consommation française de gaz naturel à 10% !

Cependant la dynamique semble lancée. Fin 2017, le Panorama du gaz renouvelable recense 361 nouveaux projets d’injection de biométhane. Cela devrait permettre d’atteindre les objectifs de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) pour 2023 : 8 Twh d’injection de biométhane dans les réseaux gaziers.
Selon les réseaux gaziers et le Syndicat des énergies renouvelables, l’objectif de 60 TWh de gaz renouvelable d’ici 2028 est réaliste. Pour info, l’Allemagne a actuellement une capacité installée de 22 Twh/an.

 

Les offres de chauffage au gaz vert…

Engie développe une offre gaz naturel avec 10% de gaz certifié d’origine renouvelable, dont vous choisissez le fournisseur :

  • Step Sila à Cran Gevrier (Rhône-Alpes) : méthanisation des boues de station d’épuration ;
  • Biogaz pevele à Wannehain (Hauts-de-France) : méthanisation de fumiers, résidus d’endiveries, pommes de terre, céréales, etc. ;
  • Saint-Maximin (Haut-de-France) : méthanisation de déchets ménagers et industriels.

D’autres entreprises commencent à se lancer sur le marché comme ekWateur, un fournisseur d’énergies indépendant qui propose du gaz de 5% à 100% renouvelable mais aussi de l’électricité 100% renouvelable et du bois issu de bûches composées de sciures de chênes et hêtres (gestion écodurable certifiée).

Les offres, comme celles de l’électricité verte, devraient se multiplier dans les années à venir. En attendant, les fournisseurs proposent une formule de ‘gaz compensé carbone’. Il s’agit d’un gaz naturel classique dont les émissions carbones sont compensées par le fournisseur ; celui-ci achète, à des associations habilitées (Geres, CO2 Solidaire…), des crédits carbone qui permettent de financer des projets :

  • de réduction de la pollution atmosphérique et de mise en œuvre d’énergie verte,
  • de reforestation afin de capter les gaz à effet de serre…

Ces offres ne sont pas forcément plus chères que les tarifs réglementés du gaz sans compensation : EDF Avantage Gaz Durable (plus cher), eni Astucio Planète, Mint Energie, Plüm Energie, Ilek…

Pour info : l’émission de CO2 d’une famille de 4 personnes dans un logement de 120 m² chauffé au gaz s’élève à 3,3 tonnes / an !

 

Auteur : Camille J.